Approches et pratiques photographiques des reporters militaires français pendant la guerre d'Indochine : une école du regard ?
L’ED 441 a le plaisir de vous inviter à la soutenance de thèse de Linda Garcia d’Ornano, préparée sous la direction de Michel Poivert.
Approches et pratiques photographiques des reporters militaires français pendant la guerre d'Indochine : une école du regard ?
Mardi 17 décembre 2024 à 9h30 à la Galerie Colbert - 6, rue des Petits-Champs - Paris 2e
Salle Vasari (1er étage)
Jury
Bénédicte CHÉRON, Maîtresse de conférences, Institut catholique de Paris
Julie d'ANDURAIN, Professeur, Université de Lorraine
Daniel FOLIARD, Maître de conférences HDR, Université Paris Nanterre
Lucie MORICEAU-CHASTAGNER, Responsable des collections de photographies au musée de l'Armée
Michel POIVERT, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Directeur de thèse
Bertrand TILLIER, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Résumé
La guerre d’Indochine marque un tournant dans la prise de conscience de la puissance médiatique de l’image photographique par l’institution militaire. Durant les quatre premières années du conflit, le médium photographique, envisagé sous le prisme de la censure, fait diversion : la réalité des affrontements est refoulée au profit d’une vision pacificatrice de l’action des troupes françaises.
Toutefois, l’entrée en jeu de la Chine communiste puis le désastre militaire de Cao Bang en 1950 entraînent de nouveaux impératifs politiques du côté français. L’image devient alors centrale dans la stratégie de communication élaborée par l'armée sur le conflit. Cette nouvelle ambition s'incarne dans le Service Presse Information (SPI), organe militaire structuré comme une agence de presse.
Notre thèse s'attache à la production photographique des reporters qui, au sein du SPI, sont chargés de mettre en images la propagande militaire, en se conformant aux critères du photoreportage de presse. Elle retrace l'histoire et la généalogie du SPI, héritier de la Section photographique de l’armée créée en 1915, ainsi que le contexte de production de ces images et le profil de leurs auteurs.
L'étude des processus de production et de la matérialité des fonds, aujourd'hui conservés à l'Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (Ecpad), permet notamment d'envisager les questions de censure et d'autocensure. Pour répondre aux consignes, les reporters français élaborent des motifs iconographiques, que nous décrivons et dont nous mesurons la place effective dans le récit de la guerre véhiculé par la presse de l'époque. Reste que la production des reporters militaires en Indochine ne saurait être réduite à sa part diffusée, conforme aux attentes de la propagande militaire. Les photographes du SPI développent aussi des thématiques et des manières moins lisses, dont témoignent leurs productions officielles et leurs fonds privés. L'étude de cet « informe de l'information » met en lumière des regards singuliers au sein de cette école de l'image de guerre, dans laquelle photographes et caméramans travaillent en binôme. Prise ainsi dans sa globalité, la pratique photographique des reporters militaires peut être considérée comme un chaînon manquant de l’histoire de la photographie de guerre et plus largement du photojournalisme.
Nous montrerons que les expériences acquises sur le terrain par certains de ces reporters - le photographe Raoul Coutard et le caméraman Pierre Schoendoerffer - irriguent également les débuts du cinéma moderne, l'un en tant que chef opérateur de la Nouvelle Vague et l'autre en tant que réalisateur.
Mots-clés
Photographie ; photojournalisme ; photoreporters ; photographes militaires ; guerre ; Indochine ; guerre d'Indochine ; archives ; contexte colonial ; presse ; propagande ; censure ; information ; communication ; courant humaniste ; cinéma ; Nouvelle Vague.