Image de couverture
Journée d'étude

Médium plastique, milieu scénique : transferts des théories et pratiques entre les arts visuels et spectaculaires (1860-1940)

ED441 - Centre de recherche HiCSA

Galerie Colbert, salle Vasari

Journée organisée par l’association de recherche en cultures visuelles IMAGO (XIX-XXe siècles)
 
Suivre la journée sur Zoom :

http://p1ps.fr/26-sept

Code connexion : 0000

 

Dans la lignée du rêve wagnérien de la Gesamtkunstwerk, la scène fut à l’époque moderne l’espace par excellence du dialogue entre les arts plastiques et vivants. Par l’analyse des travaux et théories des figures clés de la modernité théâtrale (A. Appia, E. G. Craig et V. Meyerhold), des réalisations de Kandinsky, Schönberg ou encore, en aval chronologique, celles menées au Bauhaus, les histoires du théâtre et de l’art ont montré combien la modernité scénique inaugure une tradition de l’intermédialité.

Les récents travaux dans le champ des études de médias ont par ailleurs rappelé, à rebours de l’appréhension technique et matérialiste du terme, l’étymologie environnementale du concept de « médium ». Par l’entremise de la notion grecque de « metaxu » et de son pendant latin le « media diaphana », le terme de médium désigne d’abord le milieu de la perception du réel, un espace ou une atmosphère (E. Alloa). Ces études ont aussi montré combien cette acception du terme de médium se prolonge bien au-delà de la pensée antique. On retrouve en effet des traces de ce ferment étymologique dans la pensée de la Naturphilosophie allemande, dans le transcendantalisme américain, mais aussi dans la théorie des médias de Walter Benjamin (A. Somaini). Plus encore, on peut en déceler les échos dans de nombreuses réalisations et théories plastiques et scéniques de la modernité.

En réponse à ce décentrement du sens traditionnellement entendu du terme de médium, cette journée d’étude interrogera la valeur historique et heuristique du concept de médium comme milieu, comme environnement perceptif. Nous prendrons pour hypothèse l’idée que le médium-milieu pourrait être l’un des cadres théoriques et historiques pour prolonger l’analyse des transferts esthétiques et pratiques entre les univers de la toile et de la scène. Outre le médium-milieu comme l’espace du dialogue entre les différents arts, nous invitons les intervenants à déceler les résonances de la conception environnementale du médium en envisageant l’idée d’un partage de l’expérience esthétique qui fut notamment justifiée par les artisans des transferts de la peinture au théâtre, à la faveur d’hypothèses tantôt spiritualistes et tantôt empathiques. Dans le vis-à-vis entre la peinture et l’art des décors théâtraux peints, on s’intéressera aussi aux discours théoriques sur le rôle de la lumière électrique, sur sa dimension proprement environnementale, et enfin aux conceptions de l’espace scénique comme cadre de la motricité du corps des acteurs et actrices. 

À la croisée des modernités plastiques et scéniques, les communications interrogeront la notion de médium environnemental à travers les thèmes de réflexion suivants (non exhaustifs) :

  • Transfert des notions d’abstraction de la toile à la scène.
  • Dialogues entre les théories de l’espace scénique et plastique (notamment chez Adolphe Appia, Émile Jaques-Dalcroze, François Delsarte, El Lissitzky, László Moholy-Nagy, Max Reinhardt, Oskar Schlemmer).
  • Transfert des théories de l’espace et de la motricité du corps entre les arts plastiques aux arts scéniques.
  • Les cosmologies physiques de la modernité, notamment le thème « la modernité vibratoire » (Linda Dalrymple Henderson).
  • Les sources aussi diverses que la psychologie, l’anthropologie empathique, l’ésotérisme, la physique transcendantale, la philosophie symboliste.
  • Étude parallèle de la modernité plastique et des théories et pratiques de la décoration picturale et lumineuse.