Soutenance de thèse / Charlotte Lange / Au-delà du reflet. Se peindre soi-même dans les images sacrées du XVIIe siècle ibérique
L’ED 441 a le plaisir de vous inviter à la soutenance de thèse de Charlotte Lange, préparée sous la direction de Etienne Jollet :
Au-delà du reflet.
Se peindre soi-même dans les images sacrées du XVIIe siècle ibérique
9 décembre 2025
14h00, Salle à la Fresque (D 306), en Sorbonne
Jury
Ralph DEKONINCK, Professeur, Université catholique de Louvain (rapporteur)
Mme Christine GOUZI, Professeure, Sorbonne Université (examinatrice)
M. Étienne JOLLET, Professeur, Université Panthéon-Sorbonne (directeur de thèse)
M. Jérémie KOERING, Professeur, Université de Fribourg (rapporteur)
M. Felipe PEREDA, Professeur, Harvard University (examinateur)
M. Victor I. STOICHITA, Professeur émérite, Université de Fribourg (examinateur)
Résumé
Entre réminiscence d’un modèle iconographique ancien et exaltation progressive de la figure moderne du peintre chrétien, l’insertion réflexive de l’artiste à la représentation sacrée apparaît encore au XVIIe siècle et, en l’absence symptomatique d’une véritable culture de l’autoportrait ibérique, comme la principale voie d’intégration visuelle possible du créateur à l’œuvre. Comme pour rendre tangible, sensible et matérielle, cette nécessité du « voir pour le croire », propre à la culture post-tridentine, il semble en effet que cette permanence du rapport figuratif à la configuration visuelle des choses de l’âme et de l’esprit se révèle néanmoins et, tout à la fois, comme la source, la justification et la fonction du fait de se peindre soi-même dans les images sacrées.
Au-delà du reflet, la figure de l’artiste subrepticement présentée, voire peu à peu révélée comme telle à la narration – biblique, hagiographique mais aussi à l’histoire de la nation –, s’impose alors telle l’émanation plurielle du changement de paradigme moderne quant au rapport à l’image chrétienne d’une part, mais également à l’identité de son créateur, l’auteur. À rebours de la modernité théorisée jusqu’alors comme le passage du corps physique au corps spirituel de l’artiste, le corpus ibérique témoigne au contraire d’un processus inverse de révélation progressive de la chair, devenue sujet à part entière, centre et sens de la représentation.
Du témoignage dévotionnel par l’inscription marginale au testament artistique par l’incorporation historiée, la présence auctoriale s’impose dès lors au cours des années 1600 comme la quête visuelle d’une démonstration corollaire à l’évolution sociale du statut de peintre en Espagne et au Portugal, jusqu’à sa mise en œuvre finale comme sujet fondamental de l’histoire renouvelée, véritable monument national au crépuscule du Siècle d’or.
Mots-clés : Autoportrait – Anachronisme – Siècle d’or – Union Ibérique – Images sacrées – Réflexivité – Portrait historié – Espagne – Théorie artistique – Concile de Trente