Soutenance de thèse / Gabrielle Smith / Le demi-monde et la mode. Paris, 1847-1914
L’ED 441 a le plaisir de vous inviter à la soutenance de thèse de Gabrielle H. Smith, préparée sous la direction de Pascal Rousseau :
Les beautés professionnelles.
Le demi-monde et la mode. Paris, 1847-1914
Le 11 décembre 2025
14h00, École des chartes, salle Delisle
Jury
Manuel Charpy, CR CNRS
Gabrielle Houbre, MCF HdR, Paris Cité
Corinne Legoy, PR, université d'Orléans
Pascal Rousseau, PR, Paris 1, directeur de la thèse
Résumé
Cette thèse vise à replacer au centre des dynamiques de mode du XIXe siècle une catégorie de femmes étonnamment oubliée par l’historiographie : les demi-mondaines. Au-delà des lieux communs concernant les apparences « tapageuses » des courtisanes du Second Empire et de la Belle Époque, les pratiques vestimentaires qui leurs sont propres ainsi que, plus largement, leur culture des apparences, se trouvent ici restituées dans leur complexité. Si la mise en dialogue de ces apparences avec celles des bourgeoises « comme il faut » et des femmes du monde est nécessaire à une telle opération, elle ne vient toutefois pas la résumer. Il s’agit, plus largement, de resituer les demi-mondaines au cœur des modalités les plus concrètes d’invention et de diffusion des modes vestimentaires de la seconde moitié du XIXe siècle. Soit, tout d’abord, d’examiner leur poids économique pour l’industrie naissante de la haute couture, tant par leurs habitudes de consommation somptuaires que par leur rôle de proto-mannequins ou « lanceuses ». Un examen de la topographie de mode propre à la période, c’est-à-dire de l’ensemble de lieux de parade mondaine où se recrute d’une part la clientèle des demi-mondaines et où se repèrent d’autre part les dernières élégances, vient ensuite préciser les modalités spatiales et médiatiques de l’exercice de leur position d’influence. À travers l’étude d’une série de pratiques ou d’inventions vestimentaires notables ainsi que de discours sur l’influence sociale des demi-mondaines, se fait enfin jour la question de la modernité des apparences et des attitudes des demi-mondaines : en plus d’exercer une puissance législatrice sur les goûts vestimentaires et comportements de consommation de leur temps, elles apparaissent comme ayant largement contribué, à une échelle historique dépassant celle de la saisonnalité des tendances, à la genèse de normes d’élégance fondatrices de la féminité moderne et qui ne pourront s’afficher de façon légitime et « convenable » qu’au début du XXe siècle. En somme, la puissance de mise en mouvement, soit le rôle moteur joué par les demi-mondaines, se comprend ici dans une perspective triple, tout à la fois érotique, économique et esthétique, perspective où le désir physique, la puissance de suggestion mimétique et la fonction d’entraînement économique se manifestent comme pleinement solidaires.
Mots-clés : demi-monde, mode, haute couture, apparences, mannequin, défilé de mode, théâtre, spectacle, mondanité, publicité, presse de mode, vitesse, frou-frou.