Soutenance de thèse / Louise Delbarre / « Je ne sais quoi d’étrange et d’enchanté » : les cadres d’artistes symbolistes en France, 1884-1914
L’ED 441 a le plaisir de vous inviter à la soutenance de thèse de Louise Delbarre, préparée sous la direction d’Emmanuel Pernoud et d’Isolde Pludermacher :
« Je ne sais quoi d’étrange et d’enchanté » :
les cadres d’artistes symbolistes en France, 1884-1914
10 décembre 2025
13h30 en salle du Fumoir du musée d’Orsay
Inscription pour assister à la soutenance : loudelbarre@gmail.com
Jury
Sophie Basch, Professeure de littérature française, Sorbonne Université, examinatrice
Isabelle Cahn, Conservatrice générale honoraire des peintures, Musée d’Orsay, examinatrice
Dario Gamboni, Professeur émérite d’histoire de l’art, Université de Genève, rapporteur
Emmanuel Pernoud, Professeur émérite d’histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur de thèse
Pierre Pinchon, Professeur d’histoire de l’art contemporain, Aix Marseille Université
Isolde Pludermacher, Conservatrice générale des peintures, Musée d’Orsay, codirectrice de thèse
Résumé
Entre 1884 et 1914, les peintres symbolistes créent des modèles de cadres singuliers, témoins de leurs recherches pour susciter des liens nouveaux entre le tableau, son environnement et son spectateur. À travers les notions complémentaires de « cadre isolant » et de « cadre confluent », ce travail étudie l’effervescence de propositions plastiques et de débats artistiques qui animèrent ces trois décennies.
Vers 1880, le cadre mouluré et doré reste la condition sine qua non pour qu’un tableau soit exposé au Salon ou en galerie. Il se diversifie cependant, avec l’apparition d’un modèle alternatif : le cadre édiculaire, qui reprend ses caractéristiques en les nimbant d’un caractère sacré emprunté aux retables des églises catholiques, dans un effet de « seuil impossible à franchir ». Puis, entre 1890 et les premières années du XXe siècle, une nouvelle génération d’artistes investit la fonction sociale de l’art, en travaillant de manière globale sur des ensembles décoratifs. Leurs encadrements cherchent à inscrire la peinture dans une relation fluide d’échange avec son environnement. Dans cet esprit, certains artistes vont jusqu’à remettre en cause la fonction limitante du cadre et la nécessité de sa présence autour des peintures. Au tournant du siècle, on observe également la naissance d’une conception sociologique du cadre, qui en fait l’opérateur d’une relation individuelle privilégiée entre le tableau et son regardeur. Enfin, dans les années 1905-1914, les jeunes artistes des avant-gardes s’emparent à leur tour du cadre comme support d’expérimentation, avant de revenir à des modèles plus canoniques.
Du tableau-sanctuaire dont le cadre isole l’image, au tableau-confluent dont la bordure nourrit le dialogue avec ce qui l’entoure, jusqu’au « cadre étouffant » dénoncé dans l’Art nouveau et au « tableau sans cadre » du passage du siècle, les orientations sont multiples, et leurs traductions plastiques d’une grande variété. Elles accompagnent un changement majeur : le cadre cesse progressivement d’être une norme incontournable de présentation des peintures. Au début du XXe siècle, les artistes ont désormais la possibilité de s’en passer, sans que leurs peintures perdent le statut d’œuvre d’art. Ce déplacement témoigne ainsi d’une mutation de la notion même de « tableau ».
Mots-clés : Cadres – tableau – symbolisme – Gustave Moreau – Armand Point – Louis Welden Hawkins – Georges Bellery-Desfontaines – Lucien Lévy-Dhurmer – Georges de Feure – Maurice Denis – Edgard Maxence – Georges Antoine Rochegrosse – Élisabeth Sonrel – Berthe Burgkan