Soutenance de thèse / Susana Stüssi Garcia / Les Arts Méconnus des Anciens Américains. Discours savants, goût privé et évolutions dans le commerce en France au XIXe siècle
L’ED 441 a le plaisir de vous inviter à la soutenance de thèse de Susana Stüssi Garcia, préparée sous la direction de Dominique Poulot :
Les Arts Méconnus des Anciens Américains. Discours savants, goût privé et évolutions dans le commerce en France au XIXe siècle
Mercredi 22 Novembre 2023 à 14h
au Musée du quai Branly-Jacques Chirac (salle 1)
Jury
Miruna Achim, Professeure titulaire au département de Sciences Humaines de l’Université Autónoma Metropolitana-Cuajimalpa (rapporteure)
Nélia Dias, Professeur d’Anthropologie à l’Institut Universitaire de Lisbonne
Stefanie Gänger, Professur für Neuere Geschichte à l’Université de Heidelberg
Jesús Pedro Lorente, Professeur d’Histoire de l’Art à l’Université de Saragosse (rapporteur)
Paz Núñez-Regueiro, Conservatrice en chef du patrimoine au Musée du quai Branly-Jacques Chirac
Dominique Poulot, Professeur des Universités à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Directeur de la thèse
Résumé
Cette thèse étudie plusieurs moments marqués par un intérêt et engouement pour les artefacts précolombiens (ou pensés comme tels) pour comprendre leur présence et usages en France au 19ème s. et avant leur « redécouverte » esthétique au 20ème s. Suivant surtout des pièces du Mexique et de l’Amérique Centrale, cette étude privilégie le goût et les usages privés et la place de ces objets dans le commerce de l’antiquité et de l’art. Le dépouillement de catalogues, de publications savantes et artistiques et des recherches archivistiques ont permis de relever les moments où créativité érudite, intérêt amateur et marché ont évolués ensemble.
L’arrivée de nouvelles collections à Paris dans les années 1830 et le projet des Antiquités mexicaines permettent d’identifier un nouveau foyer d’intérêt pour l’antiquité américaine autour de la Société Libre des Beaux-Arts. Il est dès lors possible de suivre des marchands offrant des artefacts américains et l’émergence des premiers « experts » de ce marché. L’étude de la Deuxième Intervention Française au Mexique (1861-67) explore l’idée d’une relation culturelle et érudite privilégiée entre la France et le Mexique et d’étudier l’engouement qui émerge alors pour l’univers du « primitif », permettant de comprendre le développement considérable du commerce de ces objets dans le dernier tiers du siècle.
Deux études de cas sur le marchand Eugène Boban et le collectionneur Eugène Goupil recontextualisent ces développements structuraux à l’échelle de l’individu. Enfin, l’étude d’un réseau de collectionneurs franco-mexicains et nordaméricains, sous le double prisme de l’affirmation de discours patrimoniaux patriotiques et de la mise en place d’un marché de l’art transnational, éclairent la nouvelle valeur marchande et la mutation en « œuvre d’art » de ces objets au tournant du siècle et à partir des années 1920.
This thesis examines different moments characterized by a strong interest for and fascination with Pre-Columbian artefacts (or though as such) to better understand their place in 19th century France before their aesthetic “rediscovery” in the early 20th century. Focusing primarily on artefacts from Mexico and Central America and drawing from catalogues, scholarly and artistic publications, and archival research this thesis explores the role of personal taste and private usages in collecting as well as the place occupied by these objects in the developing art and antiquities market.
In the 1830s, the arrival of new collections in Paris and the publication of Antiquités mexicaines serve as the starting point from which to consider the Société Libre des Beaux-Arts as one of the main centres structuring this interest for American Antiquity at the time. Looking at sales catalogues and collector’s cabinets, it is now also possible to identify the first merchants and “experts” to offer Pre-Columbian artefacts for sale.
We then examine the aftermath of the Second Franco-Mexican War (1861-67): how it contributed to the articulation of the idea of a privileged cultural and scholarly relationship between France and Mexico and how the emergence of a new taste for all things “primitive” affected the commerce of Pre-Columbian artefacts in the art and curiosity market.
Finally, through the study of dealer Eugène Boban and collector Eugène Goupil we analyse these structural changes at the level of the individual and follow a network of Franco-Mexican and North American collectors whose activity, considered in terms of emerging patriotic heritage discourses and rapid development of a transnational art market, contribute to understanding the transformation of Pre-Columbian material culture into “artworks” in the last third of the century and during the 1920s.
Mots-clés
Arts précolombiens, Américanisme, Histoire des collections, Marché de l’art, Deuxième Intervention Française au Mexique, Eugène Boban, Eugène Goupil, « horizon du primitif », réseaux savants, collections et sociabilité, 19ème siècle, relations France-Mexique